par Céline Normandin
L’été 2023 n’a pas été facile en Abitibi-Témiscamingue mais grâce à des aménagements faits à la Ferme Micar, Mickaël Côté a pu atténuer les effets du temps sec sur son troupeau.
Mickaël Roy de la Ferme Micar bénéficie depuis deux ans d’un soutien du Fond d’Action à la Ferme pour le Climat, supporté par le Canadian Forage and Grassland Association (CFGA), afin de clôturer ses pâturages en davantage de parcelles et surtout, amener les lignes d’eau nécessaire à son troupeau de bovins de boucherie.
Durant ces deux ans de démarches, l’éleveur a pu mener à terme des travaux qu’il évalue à 20 000$ et qu’il initialement financé de sa propre poche. « Ce que ça change (l’aide du CFGA), c’est qu’on peut aller plus vite ». Les coûts des matériaux ont explosé dans les dernières années et il aurait probablement dû planifier à plus long terme les changements qu’il souhaitait amener dans la manière dont son troupeau s’alimentait.
Les coûts prennent une dimension encore plus grande pour Mickaël puisqu’il est une relève non-apparentée. Il a travaillé dix ans avant d’acquérir sa ferme et a complété un DEP à Ville-Marie. Il possède 600 acres en pâturages, en plus de 200 autres consacrés à la culture des fourrages et 800 autres en location, pour un total de 1600 acres en fourrages et en pâturages répartis sur 16 terres.
Les travaux ont de plus coïncidé avec une grave sécheresse qui a mis à mal les prairies et les pâturages de la région, mais qui a permis d’atténuer ses impacts à la Ferme Micar. Lui qui était habituellement autosuffisant, et qui vendait même du foin, Mickaël a écoulé toutes ses 2000 balles de foin en 2023. Ce sont les aménagements et l’amélioration des pâturages qui ont sauvé la mise l’an dernier.
Le troupeau de Mickaël compte 370 têtes, dont 200 vaches. La paissance se fait à la Ferme Micar de mai à octobre en groupes de 50 vaches. Les veaux nés en mars sont amenés à la prairie dès son ouverture.
La rotation dure au total 40 jours, avec des durées allant de cinq jours à deux jours et demi par parcelle, ce qui donne de trois à quatre rotations au total par année. La deuxième rotation dure moins longtemps que la première.
Cette année, il a débuté le 8 mai et projette de laisser ses animaux au pâturage jusqu’au 20 octobre.
Avec son projet, Mickaël souhaitait favoriser la rotation du troupeau entre les parcelles et amener plus de vaches au pâturage. « Le pâturage, c’est la clef dans l’industrie bovine », souligne-t-il. Une meilleure paissance permet d’atténuer les coûts d’alimentation et de faire de meilleurs gains de poids aux vaches.
Les 200 acres du pâturage n’étaient séparés auparavant qu’en huit parcelles, un chiffre qu’il a fait monter à 18 grâce aux clôtures qu’il a pu acheter et aménagées. Il avait débuté le partage de son pâturage en quatre parcelles qu’il avait fait passer à huit mais ce système n’était pas assez performant en raison du manque de points d’eau. Une autre part importante de l’argent a été investi dans l’installation de lignes d’eau qui ont permis d’ajouter les points d’eau qui sont passés de deux à cinq.
Des changements sont déjà notables puisque les travaux ont été finalisés l’an dernier. « Il y avait beaucoup de refus avant parce que l’herbe des parcelles était jaune. L’augmentation du nombre de parcelles a vraiment permis d’avoir du fourrage de plus grande qualité et un broutage plus égal », note l’éleveur. Il observe aussi un gain de poids de la part de ses animaux grâce à une alimentation plus élevée en protéine et en énergie.
L’alimentation est également plus égale et de meilleure qualité puisque les mauvaises herbes sont absentes. « Elles sont assurément étouffées par les semis spontanés. Les prairies se ressèment le trois-quarts du temps en mil», selon Mickaël qui ajoute qu’il n’a pas eu besoin de ressemer ses prairies durant le printemps.
L’éleveur est surpris de la différence déjà appréciable qu’ont donné les travaux depuis à peine un an. Les superficies aménagées se débrouillent très bien et ne montrent pas de trace de surpaissance, comme c’est le cas dans les zones qui n’ont pas pu être réaménagées encore. « Les parcelles développées avec le projet ont récupéré le plus vite. Les vieux pâturages ont eu plus de difficultés à reprendre », dit-il. « La plante a eu le temps de se refaire, ça fait une grosse, grosse différence. Ça augmente le nombre de mois passés en pâturage ».
Il constate un gros gain de poids dans les deux groupes, une différence qui devrait se maintenir d’ici la fin octobre, date à laquelle les pâturages ferment. Il estime qu’avec l’augmentation du nombre de parcelles, les vaches ont eu moins de distance à marcher pour s’alimenter et boire.
Avec toutes ces améliorations dans la qualité du pâturage, il anticipe maintenant pouvoir conserver ses vaches beaucoup plus longtemps à l’extérieur pour brouter. « Avec les nouvelles parcelles, on a plus de jeu. Je pourrais même aller jusqu’en novembre. » Il compte d’ailleurs essayer des semis de millet japonais pour varier le type de fourrage.
Il reste encore des améliorations à faire, selon l’éleveur, qui aimerait faire passer de 18 à 20 les parcelles existantes. « J’ai encore assez grand comme superficies et on pourrait rendre les parcelles moins sollicitées en ajoutant des lignes d’eau », dit-il.
Dans le cadre du Fonds d’action à la ferme pour le climat (FAFC), le CQPF, en partenariat avec l’Association canadienne pour les plantes fourragères et le CIARC, est heureux de mettre un nouveau projet en route: la Caravane des pâturages!
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Rédaction : Barbara Vogt, chargée de projets aux publications, CRAAQ
La recherche de la carboneutralité en élevage bovin passe par plusieurs moyens. Les haies agroforestières combinées à un système de paissance intensive en bandes semblent bien offrir une « formule gagnante ». L’équipe du professeur Vincent Poirier de l’UQAT et celle de la ferme Lafontaine-Noël ont uni leurs forces pour étudier le sujet.
Parmi les informations recueillies, l’une retient particulièrement l’attention : sous une paissance en bandes, la proportion de carbone du sol emmagasiné dans une forme stable est plus importante que sous une paissance continue.
De 2020 à 2024, l’équipe de recherche a vérifié plusieurs hypothèses sur l’efficacité des pâturages bordés de haies agroforestières et où s'applique un système de « paissance adaptative multiparcelle ». Dans ce système, les haies sont composées de peupliers hybrides, d’épinettes blanches et d’érables rouges; les animaux ne restent que 7 à 9 jours sur un même bloc de pâturage, étant déplacés quotidiennement d’une bande à l’autre dans chaque bloc.
Photo: Ferme Écobeuf - Frédérique Lavallée
Plusieurs éléments ont été étudiés : les plantes fourragères (productivité, diversité des espèces), le carbone stocké dans le sol (quantité, fraction labile et fraction stable), la biodiversité des organismes vivants du sol (bactéries et champignons) ainsi que le rôle des essences d’arbres. Les résultats étaient comparés avec ceux de parcelles en paissance continue. Le « bonus » de carbone sous une forme stable dans le sol sous paissance en bandes est donc un avantage pour la ferme. C’est la première fois que ce fait est documenté au Québec. Une raison de plus pour adopter ce mode de gestion des pâturages!
Tiré de la présentation de M. Poirier lors des Journées d’information scientifique Bovins laitiers-Plantes fourragères, organisées par le CRAAQ en février 2025 (www.craaq.qc.ca).
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Référence
Poirier V., Lavallée F., Laplante I., Gravel D., DesRochers A., Rivest D., Hogue R., Jeanne T., Lafontaine S. (2024) Combiner le sylvopastoralisme et la gestion adaptative multiparcelle pour favoriser le stockage de carbone et la biodiversité - Projet IA121712. Fiche Technique rédigée pour le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). 3 pages