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La recherche en bref: Sans soufre, la luzerne souffre!

Par Mireille Thériault, M. Sc., professionnelle de recherche, et Marie-Noëlle Thivierge, agr., Ph. D., chercheuse scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada

 

Aux États-Unis, les rendements annuels de la luzerne récoltée sur les fermes atteindraient à peine 30 à 50 % du rendement potentiel de cette culture, estimé à plus de 13 tonnes de matière sèche par hectare en conditions favorables. Il y a donc un déficit à combler (là-bas comme ici, assurément)! Une enquête a été menée auprès de 24 fermes dans le Midwest des États-Unis afin d’identifier les pratiques associées à des rendements de luzerne plus élevés. Au total, les données de 66 années-sites, principalement au Wisconsin, ont été compilées. Les questions portaient notamment sur les sols, les pratiques culturales, les techniques de semis, l’âge des peuplements, la fertilisation et l’utilisation d’herbicides. Les rendements des fourrages étaient compilés et mesurés par pesée des camions ou par un équipement de récolte équipé de la technologie.

L’étude a révélé qu’une régie de type « ensilage » (>3 coupes, utilisation d’intrants et herbicides) permettait de meilleurs rendements en fourrages qu’une régie de type « foin». Bien que les différentes pratiques soient souvent combinées et interreliées, un rendement supérieur était associé au précédent cultural de maïs, au travail conventionnel du sol, à un intervalle entre les coupes inférieur à 40 jours, à l’application de potassium, de soufre et de fumier l’année du semis et à l’application de bore les années subséquentes. Peu importe que les fourrages soient destinés à l’ensilage ou au foin, l’ajout de graminées à la luzerne contribuait à l’obtention de meilleurs rendements. Il est intéressant de noter que l’application d’azote n’avait pas de répercussions bénéfiques sur les rendements en fourrages. Enfin, un arbre décisionnel (Figure 1) a également permis de confirmer que le type de régie et l’application de soufre l’année du semis étaient les deux principaux facteurs dans la productivité des champs de luzerne. En effet, les champs destinés à l’ensilage et fertilisés avec du soufre l’année du semis obtenaient des rendements moyens de plus de 12 tonnes à l’hectare.

Cette étude a démontré que les pratiques de régie des plantes fourragères doivent être alignées avec les objectifs de production pour répondre aux besoins des prairies productives. Elle met entre autres l’emphase sur l’importance de la fertilisation en soufre pour tirer le maximum des légumineuses comme la luzerne. Ces résultats corroborent ceux d’études récentes effectuées au Québec sur la fertilisation soufrée. Cette pratique, jumelée à d’autres, pourrait alors permettre de combler le déficit dont souffrent les rendements de luzerne. 

 

Figure 1. Arbre décisionnel permettant de séparer les champs selon trois groupes en fonction des facteurs affectant le rendement des luzernières au Wisconsin.

Source : Orcasberro et coll. 2025. Agronomy Journal, https://doi.org/10.1002/agj2.70177   

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